Nous vous livrons  ici un résumé de la conférence très vivante et documentée de Danielle Albert professeure agrégée de sciences de la vie et de la Terre (SVT)-géologie à Montgeron.

Elle nous invite à ne jamais oublier que « La nature reprend toujours ses droits, en la connaissant mieux nous pouvons apprendre à vivre en sécurité et en harmonie avec elle « .

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L’eau nous apporte des richesses

Nos paysages, les plateaux (forêt de Sénart et Mont-Griffon), les flancs de vallée, le fond de vallée sont le résultat de l’érosion des strates sédimentaires par la rivière pendant l’ère quaternaire il y a environ 10 millions d’années.  

La biodiversité est fonction de la nature hydrogéologique et chimique de ces strates.

Le patrimoine architectural est le témoin de l’activité humaine dans cette vallée depuis la préhistoire : menhirs, lavoirs, moulins à grains, châteaux, grandes demeures …La carte de Cassini  au XVIIIème siècle recense pas moins de  9 moulins entre Villeneuve- Saint-Georges et Varennes-Jarcy.

Le patrimoine artistique est riche, car les peintres, notamment, ont été attirés par la vallée. Très célèbres : Edouard Manet, Claude Monet, Jean Baptiste Corot, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte , Carolus Duran, Jean Dubuffet … … ou moins connus : Jules Michelin, Adrien Demont-Breton, Guillaume Van Strydonck, Marie-Thérese Lanoa,Gustave Cariot …  

mais l’eau apporte aussi désordres et catastrophes avec l’urbanisation galopante

Les crues très importantes de l’Yerres sont de plus en plus nombreuses :

XVIIIe siècle : 1780 (catastrophique),

XIXe siècle: 1853, 1876, 1881.

XXe siècle : 1910, 1924, 1944, 1954, 1955, 1959, 1978, 1980, 1982, 1984, 1999.

XXIe siècle : 2008, juin 2016, janvier 2018,…

Pour lutter contre ces risque ont été adoptés des PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) qui délimitent les zones inondables par l’Yerres.

A noter que Villeneuve-Saint-Georges, Crosne et Montgeron sont également soumises au PPRI de la Seine.  

Il y a aussi les remontées des nappes phréatiques perchées affleurantes.

La méconnaissance de la nature hydrogéologique du sous-sol est responsable d’éboulement, de glissement de terrain sur marnes et argiles, accentués par la présence de nappes phréatiques perchées ignorées.

On constate la juxtaposition des argiles vertes et des zones humides. Malheureusement les études de repérage des zones humides avérées sont incomplètes. Le diagnostic de zone humide avérée est de ce fait laissé à l’appréciation de cabinets privés mandatés par les promoteurs immobiliers…

Des désordres sournois  apparaissent lors de travaux recoupant une nappe perchée : éboulements, fissures, inondation de caves …

Ainsi à Montgeron après la construction en 2008 sur le plateau d’un ensemble immobilier et d’une médiathèque avec parking souterrain, des maisons datant du XIXème siècle situées à quelques dizaines de mètres plus bas sont confrontées à un phénomène nouveau : l’inondation de leurs caves par remontée de nappe phréatique.

Les causes sont bien identifiées par les pouvoirs publics …

Ainsi, on peut lire  dans Montgeronmag,  en mai 2019 (n°41) «Dans notre commune, certains facteurs sont aggravants. Notre situation géographique, à l’extrême aval de la vallée de l’Yerres, juste avant l’embouchure avec la Seine, fait que chaque goutte qui coule en amont dans le bassin-versant de la rivière s’écoule dans notre vallée. En aval, la Seine, trop pleine, peut devenir un verrou hydraulique, c’est-à-dire qu’une fois sa capacité maximum d’écoulement atteinte, le fleuve agit comme un gigantesque barrage qui empêche l’eau de l’Yerres de s’écouler, faisant déborder la rivière.

  • Comme dans de nombreuses villes de la région, à cause de l’imperméabilisation des sols due à l’urbanisation, l’eau ruisselle au lieu de s’infiltrer dans le sol, saturant les réseaux d’autant plus rapidement.
  • Enfin, plusieurs secteurs de la ville sont constitués de sols argileux. En conséquence, l’eau de pluie ne s’infiltre que dans les couches superficielles du sol, et peut ressurgir à d’autres endroits qui semblaient pourtant protégés. Ce sol argileux limite les capacités d’absorption, mais également la possibilité d’installer des structures de drainage en sous-sol.»

Et pourtant en 2019,  on s’apprête encore à construire dans la nappe phréatique de l’Yerres…

Un complexe immobilier de 46 appartements, parking en sous-sol, Carré Concy malgré une étude de sol explicite sur les risques (Permis de construire 2 janvier 2017) En effet, une étude sol de 2013 et 2016 (communiquée aux riverains seulement en 2019) révélait pourtant :

  • Un Risque d’inondation par submersion fort, et par remontée de nappe
  • Une nappe, située au sein des alluvions, a ainsi été observée à faible profondeur, vers 3,0 m de profondeur par rapport au terrain actuel. Cette nappe est en relation directe avec l’Yerres située à proximité du site et dont elle suivra les variations avec un déphasage, notamment en période de crue.
  • À cet égard, nous rappelons que le niveau de la nappe est susceptible de remonter au niveau du TN (terrain naturel) en cas de crue exceptionnelle de l’Yerres, le terrain se situant en limite de zone inondable.
  • Un tel projet nécessite un rabattement de la nappe, dont la faisabilité et l’influence sur les mitoyens devront être étudiés en détail. En effet, il est probable que ce rabattement conduise, aux abords du projet, à une consolidation des terrains de faible compacité, générant ainsi des déformations au droit des constructions mitoyennes et donc des désordres…

Un arsenal juridique important existe, très (trop) complexe …

Les textes sont nombreux : code de l’urbanisme, code de la construction et de l’habitat, code de l’environnement, lois sur l’eau, loi ALUR 2014, loi ELAN novembre 2018 …

Des schémas, des plans en découlent, élaborés, théoriquement, en concertation avec la population …

En avez-vous entendu parler ? – Avez-vous été consultés ?

Il s’agit notamment:

Du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) fixe les règles générales pour les usages de l’Eau et la gestion des Milieux Aquatiques à l’échelle du bassin versant, établi par la CLE, les usagers sont concertés par l’intermédiaire de représentants des associations.

Du  PPRI, (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) de l’Yerres, PPRI de la Seine, le PPRI délimite les zones exposées aux risques d’inondation et réglemente l’occupation et l’utilisation du sol dans ces zones en fonction de l’aléa et des enjeux élaborés par la préfecture, en association avec les communes et «en concertation avec la population».

Du  PAPI de l’Yerres, Programme d’Actions de Prévention des Inondations porté par le SYAGE en association avec de nombreux acteurs locaux … Du  PAPI de la Seine et de la Marne franciliennes porté par un Établissement Public Territorial de Bassin des 4 départements Paris et petite couronne Du  SDRIF, (schéma Directeur de la Région Île de France), le SRCE, (Schéma Régional de Cohérence Ecologique) …

Pour une urbanisation responsable des évolutions sont indispensables

Exemples :

  • Ajouter aux PPRI (qui s’imposent aux PLU):
  • Informations sur l’hydrogéologie de l’ensemble du bassin versant (carte BRGM) avec connaissance des
  • nappes phréatiques perchées et de ruissellement agricole et forestier
  • Prendre en compte cette composante dans la définition des zones constructibles
  • Pour limiter les ruissellements agricoles et forestiers : drainages , création de mares, noues, …
  • Adjoindre un schéma directeur du réseau des eaux pluviales
  • PLU : pour un zéro rejet à la parcelle, il est indispensable de prendre compte la nature du sol pour l’infiltration.
  • CLE (commission locale de l’eau), syndicats hydrauliques: donner les paramètres pour calculer la surface d’occupation au sol de la construction avec le % de terre perméable en fonction de la nature du sol (pour aboutir à zéro rejet)…

Les maires ont la tâche complexe de décliner dans les Plan Locaux d’Urbanisme (PLU) de leur commune des injonctions parfois contradictoires (loi ALUR, lois sur l’eau …).

 

 En conclusion,

Des marges de manœuvre existent pour prévenir désordres et catastrophes en tenant mieux compte de notre environnement naturel. 

Il serait urgent que les maires s’en emparent.

Le secteur associatif est porteur de propositions pour aller vers une urbanisation responsable.

 Et si on travaillait ensemble ? – le bon sens …