Retour sur les mesures de bruit ferroviaire à Montgeron

Le contexte 

La commune de Montgeron figure parmi les points noirs du bruit SNCF en Ile de France.

En 2016, SNCF réseau a fait réaliser une étude acoustique pour répondre à la circulaire interministérielle du 25 mai 2004, portant sur la résorption des points noirs du Bruit ferroviaire (PNBf) et visant à réduire le bruit à la source, puis à compléter ces actions par un renforcement de l’isolation acoustique des façades. Cette étude à été réalisée par la société INGEROP, l’objectif étant d’identifier les logements éligibles à l’isolation phonique des façades (financée à 20% par SNCF Réseau et 80% par l’ADEME) Après des mesures in-situ, une carte du bruit a été modélisée sur l’ensemble du tronçon. L’étude a montré qu’à Montgeron 55 logements étaient à isoler pour un coût global de traitement acoustique des façades estimé à 525 k€ HT.

Mais à ce jour, il s’avère qu’aucune isolation n’a été réalisée. Les riverains concernés auraient décliné l’offre ou n’auraient simplement pas répondu à cette sollicitation. On peut regretter que cette opération n’ait pas fait l’objet d’information publique. La méthodologie retenue a suscité a posteriori des interrogations chez certains riverains qui, ne faisant pas partie des logements identifiés, ont eu le sentiment que le résultat de l’étude ne correspondait pas aux nuisances qu’ils subissaient.

Rebondissement

Montgeron Environnement, adhérente de BRUITPARIF https://www.bruitparif.fr/ , a demandé, à ce titre, de faire procéder à des mesures complémentaires, pour évaluer la pertinence de la méthodologie retenue par SNCF réseau, lors de sa campagne de mesure du bruit ferroviaire à Montgeron.

Cette série de mesures a été réalisée dans le cadre du partenariat établi entre SNCF-Réseau et Bruitparif (convention 2020-2023) pour faire suite à notre demande de disposer d’une mesure du bruit à confronter à des modélisations réalisées par SNCF-Réseau dans le cadre d’une étude d’identification et de résorption de points noirs bruit. 

La campagne de mesure a été réalisée du 15 novembre au 15 décembre 2021, rue Corneille à Montgeron à deux mètres de la façade arrière d’un pavillon et à environ 30 mètres des voies ferrées.

Au final

Les niveaux de bruit entre la mesure Bruitparif 2021  et l’étude (modélisation) SNCF-Réseau pour 2016 sont très proches, à moins de 0,5 dB(A) d’écart. Ce qui tend à démontrer que la méthode retenue par la société INGEROP était valide à l’époque. Ces niveaux sonores sont toujours inférieurs aux valeurs limites réglementaires au-delà desquelles la rue Corneille pourrait être potentiellement considéré comme point noir de bruit. 

Cependant  ces niveaux de bruit sont supérieurs aux objectifs de qualité recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé.

L’indicateur Lden (pour Level day-evening-night) représente le niveau de bruit moyen pondéré au cours de la journée en donnant un poids plus fort au bruit produit en soirée (18-22h) (+ 5 dB(A)) et durant la nuit (22h-6h) (+10 dB(A)) pour tenir compte de la sensibilité accrue des individus aux nuisances sonores durant ces deux périodes.

Ainsi le Lden ferroviaire en bruit incident mesuré en 2021 par Bruitparif atteint 68,6 dB(A) contre un objectif de qualité de 54 dB(A) recommandé par l’OMS et le Lnight ferroviaire incident mesuré atteint 61,5 dB(A) contre un objectif de qualité de 44 dB(A) recommandé par l’OMS.

Les données brutes de mesures sont consultables ici.  Rapport_de_mesures_2021.pdf

Un espoir

L’article 9 de la loi d’orientation des mobilités (LOM) prévoit l’introduction dans la réglementation d’indicateurs de gêne due au bruit des infrastructures de transport ferroviaire prenant en compte des critères d’intensité des nuisances ainsi que des critères de répétitivité, en particulier à travers la définition d’indicateurs de bruit événementiel tenant compte notamment des pics de bruit. Dans ce cadre, des travaux sont en cours au niveau national quant à la proposition et à la sélection d’indicateurs événementiels qui pourraient être introduits par arrêté ministériel aux fins d’expérimentation, en complément des indicateurs énergétiques déjà utilisés. Bruitparif a initié en 2021 des travaux préparatoires d’élaboration d’un protocole d’étude visant à préciser et hiérarchiser les facteurs acoustiques impliqués dans la survenue de la gêne due au bruit ferroviaire et à le tester auprès de riverains de voies ferroviaires pour évaluer la pertinence des indicateurs événementiels qui auront été mentionnés dans l’arrêté. Le secteur de Montgeron a fait l’objet d’une enquête pilote réalisée simultanément à la mesure auprès de riverains. Les résultats de cette enquête feront l’objet de publications spécifiques.

Conclusion

Si aujourd’hui la méthode utilisée pour les mesures et leur interprétation ne permettent pas, dans ce cas, de caractériser une nuisance au sens réglementaire, l’arrivée des décrets d’application de la LOM pourraient changer cette situation. L’introduction de la notion de pics de bruits, plus adaptée au bruit ferroviaire, permettra d’interpréter les mesures de façon plus réaliste.